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      Soit, vous bénéficiez d’une réelle légitimité en médecine, autant vous 
      paraissez peu crédible en politique… Vous rêviez d’être Maire de Lyon ? 
      Pourquoi vous vous êtes engagé en politique alors que vous étiez un 
      mandarin ultra reconnu ?
 
      Mandarin, c’est un mauvais terme. Moi, je ne me considère pas du tout 
      comme un mandarin. Pourquoi je suis venu en politique ? J’étais déjà connu 
      contrairement à ce que vous racontez, à cause de ces histoires de greffe 
      du pancréas dont 
      je suis très fier. Voilà, l’histoire véridique. J’ai été élu « Rhône-alpin 
      de l’année » en 1980. Charles Mérieux me dit, comme j’étais très connu 
      mais vous n’étiez pas né : « Vous allez présider le comité de soutien de 
      Jacques Chirac dans le Rhône », ce que j’ai fait. Par la suite, le père 
      Hamelin, qui connaissait très bien mon père, 
      parce que il était député de Charly, m’a demandé de venir l’aider dans sa 
      campagne. Puis Michel Noir m’a demandé en 1983 d’être sur la liste à cause 
      de l’image que je représentais, comme Guinchard, le doyen de la faculté de 
      droit. Noir récupérait des gens jeunes, qui avaient une signification 
      professionnelle, pour les mettre sur sa liste et pour changer l’image des 
      politicards classiques. Et voilà comment je suis entré…  
        
      Lors des dernières municipales, avez-vous laissé volontairement le 
      haut-parleur du téléphone quand Jacques Chirac vous a appelé et qu’il 
      s’est moqué du « petit Maire de Thizy ? » alias Michel Mercier, président 
      du Conseil général…  
      Attends ! Vous voulez la vérité ? Et vous 
      l’aurez ! Parce que moi, je ne mens jamais. La vérité, c’est que l’on 
      était dans un bureau qui faisait la moitié de l’espace de là ou on est. 
      C’est 2 mètres sur 1 mètre avec un bureau ! Et à ce moment là, un coup de 
      téléphone : « Chirac veut vous parler. » Je dis : « Très bien ». C’est la 
      secrétaire de Chirac qui me reprend :  « Attendez une minute, il vient de 
      prendre un autre coup de fil ». Donc je me mets en attente, avec le haut 
      parleur ! Il n’a pas insulté Mercier. Il a dit : « Je n’ai jamais cru en 
      ce type ». Je lui ai répondu : « moi non plus ! » Mais c’est eux qui nous 
      avaient poussé à partir dans cette situation... Ceci dit, vous ne me ferez 
      jamais dire de mal de Mercier, jamais parce que… 
        
      Jacques Chirac s’en est chargé pour vous... 
      Non, il n’a pas chargé comme on le raconte… Il a 
      dit qu’il n’avait pas cru en lui et personne ne connaît la phrase parce 
      que… 
        
      Parce que vous la taisez ?
        
      Non, Mercier en a parlé à Bayrou et Bayrou… 
        
      Il a dit : « Ce petit maire de Thizy ». Vous, 
      mentez sous serment professeur ! 
      Je ne mens pas sous serment parce que les 
      souvenirs que j’en ai, c’est ça. Et ceci dit, vous ne me ferez jamais dire 
      du mal de Mercier, jamais, parce que d’abord on a vécu cette aventure tous 
      les deux, en sachant qu’on allait au charbon... C’est comme quand vous 
      êtes dans une mêlée et que vous avez en face de vous une mêlée qui pèse 
      200 Kg de plus que vous et que vous allez en ramasser plein la gueule. On 
      savait que ça se terminerait mal. Et deuxièmement, je ne travaille pas 
      sous le secret profes-sionnel. Mercier a subi une opération lourde au début 
      du mois de septembre (2000 NDLR), dans le service que je dirigeais et il a 
      fait preuve d’un courage dont je ne suis pas sûr qu’aucune des 5 personnes 
      autour de la table fasse preuve. Donc j’ai du respect et de l’amitié pour 
      Mercier.  
        
      Mais vous savez que Mercier et Millon vous 
      considèrent comme un clown ? En êtes-vous conscient au moins ?
       
      Les négociations que j’ai pu conduire avec 
      Millon entre les deux tours, c’est moi qui les menais. Parce que Mercier 
      était resté en retrait à ce moment là mais il était là ! Je n’ai jamais eu 
      l’impression d’être dominé ni intellectuellement, ni physiquement, ni 
      psychiquement par Millon. D’ailleurs il était obligé d’arrêter à 3 heures 
      du matin alors que moi je tiens très bien toute la nuit s’il le faut. J’ai 
      l’habitude de passer mes nuits debout. 
        
      A grand coup de Crozes-Hermitage ou de Côtes 
      Rôties… 
      Le Croze c’est le soir, mais dans ce 
      genre de négociation, moi je bois de l’eau.  
        
      Si c’est vrai que vous buvez de l’eau, vous 
      avez bu la tasse récemment !  
      Mais quelle tasse ? 
        
      Votre mandat de député mis à part, vos dernières aventures politiques 
      se sont soldées par des échecs retentissants.  
      Vous voulez rire ! Je suis président de commission des affaires sociales. 
      Vous connaissez ? Je suis numéro 7 de l’Assemblée Nationale.   
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